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LA TRICHINELLOSE ENCORE ET TOUJOURS?

Samedi 24 février 2018

LA TRICHINELLOSE ENCORE ET TOUJOURS?

Une maladie grave chez l'homme, peu fréquente en France

 

La trichinellose est une zoonose parasitaire due à l’infestation par des trichines (nématodes du genre Trichinella). Elle affecte de nombreuses espèces d’animaux sauvages et domestiques (essentiellement des mammifères monogastriques). Les vers adultes vivent dans l’intestin grêle de l’hôte où ils s’y accouplent. Les larves produites migrent vers les muscles striés squelettiques de l’hôte où elles s’enkystent et peuvent rester vivantes plusieurs années.

Les animaux et l’homme s’infestent en consommant de la viande contaminée (crue ou peu cuite). Chez les animaux, la maladie ne présente généralement pas de signe clinique alors que chez l’homme, l’ingestion de trichines peut conduire à de graves symptômes (diarrhée, fièvre, œdème du visage, douleurs musculaires et signes nerveux) nécessitant souvent une hospitalisation. Depuis 1975, en France continentale, la majorité des cas humains (environ 2500) ont eu pour origine la consommation de viande chevaline, qui aujourd'hui a moins les faveurs du consommateur français.

 

 

Une multiplication des cas porcins depuis 2004 en Corse-du-Sud

 

La Corse était considérée comme indemne de trichinellose, mais en 2004, grâce aux contrôles officiels effectués à l’abattoir, des larves de Trichinella britovi ont été mises en évidence chez 10 porcs domestiques provenant d’une même zone d’élevage, le Haut-Taravu (Corse-du-Sud). Depuis des porcs sont régulièrement contrôlés positifs en Corse-du-Sud lors de leur passage à l'abattoir. En 2015, trois cas humains de trichinellose ont été identifiés sur le Continent suite à la consommation de charcuterie corse issue de porcs abattus clandestinement.

Le dernier cas porcin date de décembre 2017 et depuis le premier janvier 2016 ce sont six porcs provenant de cinq élevages différents qui ont été identifiés porteurs de larves de trichines dans les abattoirs de Corse-du-Sud. Trois animaux étaient élevés sur la commune d'Aullène, deux sur la commune de Zicavo et un à Cuttoli.

 

Un chien porteur de larves découvert en novembre en Haute-Corse

 

Lors d'une étude menée en 2006-2008 (INRA/Anses), aucun sanglier et un seul renard avait été retrouvé porteur de trichines. Le rôle de la faune sauvage n'avait donc pas pu être démontré en Corse même si la séroprévalence chez le sanglier était estimée à 2%, laissant supposer une circulation à bas bruit du parasite dans la faune sauvage. Le chien est un hôte sensible au parasite et il est d'ailleurs régulièrement à l'origine d'épidémies de trichinellose humaine dans les pays où sa chair est consommée (Chine, Thailande). La chasse étant une activité populaire en Corse, les chiens se répartissent sur une grande partie du territoire et ils sont fréquemment en contact avec les animaux domestiques et la faune sauvage. Ils pourraient se contaminer en ingérant de la viande infestée de porcs (ou de sangliers) et consommés à leur tour par un suidé, ils permettraient ainsi le maintien du parasite sur l'île (figure 1). Une étude sérologique menée en 2014 (INRA/Anses) a révélé que 3% des chiens prélevés étaient porteurs d'anticorps contre la trichine, ce qui est révélateur d’une exposition au parasite. Un chien séropositif de l’étude (microrégion du Niolu, Haute-Corse), décédé récemment (novembre 2017), a aussi été retrouvé porteur de larves de trichines démontrant d'une part que le chien est bien un réservoir de trichines en Corse et d'autre part que le parasite circule aussi en Haute-Corse alors que jusqu'à aujourd'hui les contrôles systématiques à l’abattoir n’ont pas permis d’identifier de porcs infestés.

 

Trichinella britovi semble durablement installé en Corse et si le porc apparaît comme son hôte principal, l’existence d’autres réservoirs du parasite, et notamment le chien, pourraient lui permettre de se maintenir sur l’île.

 

Les contrôles à l’abattoir restent le moyen le plus efficace pour éviter de nouvelles contaminations humaines qui, en plus du problème de santé publique posé, seraient préjudiciables à toute la filière porcine. Ces analyses systématiques basées sur l'identification directe des larves de trichines dans les muscles des porcs (piliers du diaphragme) nécessitent la mise en consigne des carcasses des animaux le temps d'obtenir les résultats.

Il est important aussi de rappeler que la congélation de la viande ainsi que la salaison des produits charcutiers ne suffisent pas à détruire le parasite ; seule la cuisson à cœur (71°C) permet de l’éliminer. Certaines pratiques, comme l'abandon de cadavres (sangliers, chiens) dans la nature, entretiennent le cycle du parasite car les porcs corses, élevés en plein air, y ont facilement accès.

Vous trouverez ci-dessous les rapports et articles correspondant aux différentes études menées essentiellement par l'INRA et l'Anses depuis 2004 sur ce parasite en Corse. 

 

SGA